L'Ubaye dans la retenue de Serre-Ponçon
Le plan d'eau se forme quelques centaines de mètres en amont du Grand Pont à partir duquel l'Ubaye constitue une masse d'eau fortement modifiée avec un point d'impact sur le transit des sédiments et le corridor naturel Durance aval - Vallée de l'Ubaye.
Elle présente un faciès lacustre lentique avec la présence d'une colonne d'eau importante et un écosystème désormais différent. Sa situation moins en altitude à l'approche de la Durance influe également sur les espèces rencontrées en comparaison à la vallée de l'Ubaye.
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Le barrage de Serre-Ponçon
Le barrage a été construit entre avril 1957 et novembre 1959 et s'intègre dans l'aménagement agro-industriel du bassin de la Durance. La loi du 5 janvier 1955 a déclaré d'utilité publique la réalisation du barrage de Serre-Ponçon et l'aménagement hydro-électrique de la Durance vers l'étang de Berre. Cette loi définit 3 missions aux aménagements :
- la fourniture en énergie,
- l'irrigation et l'alimentation en eau,
- la limitation des effets des crues.
La retenue de Serre-Ponçon représente 1.2 milliards de m3 sur 2800 ha.
La concession des ouvrages a été donnée à EDF le 28 septembre 1959 pour une durée de 75 ans.
Le lac constitue pour partie une réserve en eau pour l'irrigation (200 millions de m3 dédiés à l'irrigation agricole des territoires des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse).
La centrale de Serre-Ponçon produit environ 700 millions de kWh par an. Avec une puissance de 380 MW (1/3 d'un réacteur nucléaire), c'est la centrale hydraulique la plus puissante de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, et l'une des plus puissantes de France. C'est également le réservoir à partir duquel commence le canal EDF de la Durance.
Ce dernier transporte l'eau stockée dans la retenue de Serre-Ponçon et court sur plus de 250 km, jusqu'à l'usine de Saint Chamas, située sur les rives de l'étang de Berre. Tout au long de ce canal, 15 centrales hydrauliques turbinent successivement l'eau.
L'alimentation en eau potable y étant reliée concerne 3 millions de clients, 150 communes, l'alimentation industrielle de 440 entreprises.
Les lacs de Castillon (100 hm3) et Sainte-Croix (300 hm3) sur le Verdon viennent s'associer à ce complexe Durance Serre-Ponçon.
De nombreux canaux d'irrigation qui auparavant avaient leur prise d'eau en Durance s'alimentent désormais depuis des prises sur les ouvrages hydroélectriques (retenues, canaux). On estime que 80 000 ha environ sont aujourd'hui irriguées par le système Durance Verdon (la surface irrigable estimée serait de 160 000 ha).
La construction des barrages de Serre-Ponçon et des ouvrages à sa suite (canal agro-industriel, barrages et centrales), des 5 barrages sur le Verdon (dont Sainte Croix et Castillon) a permis de sécuriser l'accès à la ressource en eau d'une grande partie du territoire régional, de favoriser l'irrigation et le développement de l'agriculture, de fournir de l'eau potable et de produire de l'électricité et d'atténuer les risques d'inondations (pour les évènements fréquents) ; mais a cependant impacté fortement le fonctionnement de la Durance et des affluents concernés. Deux villages, Savines et Ubaye, treize hameaux ont été submergés et 1 200 personnes évacuées. La majorité de cette population vivait de l'agriculture, mais la filature de Savines créée à la fin du XIXe siècle, employait encore 200 personnes. Ubaye n'a pas été rebâti.
La retenue et ses abords sont également devenus des lieux d'activités touristiques. En période estivale (du 1er juillet au 31 août), la cote du niveau d'eau garantie par EDF pour les usages touristiques est de 775 m NGF.
- Vous pouvez retrouver le niveau actuel du lac sur le lien ci-contre : www.lacserreponcon.com
La CCVUSP est membre du Syndicat Mixte d'Aménagement du Lac de Serre-Ponçon compétent pour conduire et réaliser toutes opérations de valorisation, de développement touristique et d'aménagement du domaine public hydroélectrique.
Observation 2018
Début 2018, le niveau de la retenue de Serre-Ponçon est descendu à la côte la plus basse qu'il est connu depuis sa mise en eau en avril 1960, à l'exception d'une courte période en 1984, alors pour des raisons techniques. Il est descendu cet hiver à la cote de 731 m NGF, la cote habituelle du lac étant de 780 m.
« Si le lac est vide c'est que les besoins d'électricité ont été importants cet hiver. Mais aussi parce que l'on savait que le volume de neige qui allait fondre (environ 2,5 milliards de m³, alors que le lac n'en contient qu'1,2 milliards) était lui aussi très important. Si nous n'avions pas eu ce volume de neige, nous n'aurions pas baissé autant la cote du lac. »
Au cours de cette période hiver 2017- printemps 2018, l'Ubaye a réajusté son profil dans les sédiments accumulés depuis quelques décennies au-delà du marnage plus habituel de la queue de retenue aux alentours du grand pont de la RD. Les sédiments repris en fond et sur les berges se répartissent alors plus loin dans la retenue, les plus fins pouvant rejoindre la Durance en suspension dans les eaux ou au travers de vannes. La mosaïque de photos présentée ci-dessous illustre cette période d'abaissement.
La gestion des sédiments en queue de la retenue côté Ubaye fait l'objet d'un plan de gestion consistant à rétablir un profil objectif sur un secteur compris entre 650 m en amont de Grand Pont et 500 m en aval (confluence de l'Ubaye et du ravin de Combas).
Ce profil objectif correspond à celui d'équilibre de la rivière Ubaye, et défini 50 cm au dessus du profil de 1953. Les apports de matériaux par l'Ubaye en queue de retenue de Serre-Ponçon au sein du domaine concédé d'EDF sont fonction du régime hydraulique du torrent (débit moyen, survenance d'une crue, ect).
Un ordre de grandeur, donné par le Plan de Gestion « Vallée de l'Ubaye » réalisé par les bureaux d'études Hydretudes et Idealp en 2010, est de l'ordre de 28 000 m3 pour une année d'hydraulicité moyenne déposées au niveau de la queue de retenue de Serre-Ponçon.